J’ai 48 ans, je suis divorcée, j’ai un fils de 22 ans, une fille de 24 et un petit-fils de 5 ans. C’est la naissance de ce petit-fils (choc émotionnel) qui m’a permis de prendre conscience de mon alcoolisme. Je suis devenue abstinente dans les trois mois qui on suivi sa naissance.

D’origine belge, comme presque toute ma famille, je vis en France depuis l’âge de 5 ans. Je voudrais remercier tous les amis qui m’ont réconfortée par leurs témoignages et qui m’ont permis de traverser sans encombre une période émotionnelle agitée. Les émotions ça chahute. J’ai mis assez longtemps à le reconnaître. Avant, le monde était sans nuance. J’étais un bloc de glace ou lave en fusion. « La bave du crapaud n’atteint pas la blanche colombe »  ou j’explose et attention les dégâts !

Un jour, j’ai remarqué par hasard que je fonctionnais sur deux plans : le mental et le physique. Quand je regarde la télé et que je vois des atrocités à des milliers de kilomètres, je ne suis qu’en contact avec l’image présentée et le son qui l’accompagne. Cela déclenche un certain type d’émotion qui dépend fortement de ce que les journalistes m’auront transmis. Par contre, quand mon petit-fils me dit spontanément, du soleil plein la voix (il habite à côté de Marseille) : « Oh ! Mamine, je crois que je t’aime », là, je craque littéralement, j’ai l’estomac qui gargouille, une grosse chaleur dans la région du cœur et la larme à l’œil. C’est du direct, les sensations me parviennent à travers mes sens. Je ne maîtrise pas mes émotions, c’est comme la météo, mais j’essaie d’en garder le contrôle en ayant à ma portée un parapluie, des lunettes de soleil, un téléphone, un parrain … Bref, tout ce qui me permet d’affronter mes variations climatiques le plus sereinement possible.

J’ai remarqué que, lorsqu’une émotion surgit, mon mental essaie immédiatement de s’en emparer et les trois quart du temps, m’impose de jouer au tennis. L’adversaire (celui qui essaye d’avoir le contact) m’envoie la balle (l’émotion) et moi (sans aucun discernement sur la force de frappe), je la retourne à toute volée, imposant le point d‘entrée et coupant toute possibilité d’échanges. Pas étonnant si parfois je me sens un peu seule et incomprise !

Extrait de « La sobriété émotionnelle à travers les étapes », © Editions AA, reproduit avec autorisation

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