En milieu pénitentiaire, l’alcool : en parler pour s’en libérer

Depuis de nombreuses années, des membres des groupes AA de la périphérie de Paris transmettent leurs témoignages et la méthode de rétablissement des Alcooliques anonymes aux personnes incarcérées qui souhaitent résoudre leur problème d’alcool. Maison d’arrêt des Yvelines à Bois d’Arcy, maison d’arrêt des Hauts-de-Seine à Nanterre, centre pénitentiaire de Fresnes (quartier hommes, quartier femmes, hôpital pénitentiaire), maison centrale de Poissy, quartier de semi-liberté (hommes) de la maison d’arrêt de Versailles : dans ces lieux, des alcooliques se réunissent sous la forme de groupes AA, identiques aux groupes « de ville », ou sous la forme d’antennes d’information. Nous intervenons également en collaboration avec le personnel soignant au CSAPA de détention de la maison d’arrêt des Yvelines à Bois d’Arcy et au centre pour peines aménagées de Villejuif. Depuis quelques années, nous participons aussi à une expérience innovante au quartier nouveau concept du centre pénitentiaire de Meaux-Chauconin-Neufmoutiers en apportant nos témoignages en appui d’une séance de sensibilisation aux addictions animée sous la forme d’atelier théâtre. Toutes ces actions mobilisent chaque mois, par roulement, une trentaine de bénévoles membres des AA.

 

Dans de nombreux parcours délictueux, l’alcool a joué un rôle direct ou indirect. Quand nous intervenons, nous ne nous préoccupons pas du parcours de la personne justiciable mais uniquement de la personne alcoolique, comme nous le sommes nous-mêmes, qui découvre dans nos témoignages l’espoir d’une solution à son problème. Nous savons trop bien que nos passés de buveurs auraient pu nous amener au même endroit. Dans ces lieux de confinement, la formule « l’alcool : en parler pour s’en libérer » prend un sens très spécial pour nous tous, détenus et intervenants, qui nous retrouvons le temps d’une réunion pour renouer avec l’espérance et retrouver une dignité de vie que l’alcool a brisée.