J’ai eu un parcours d’environ quinze ans d’alcoolisme plus ou moins sévère, évidemment de plus en plus dans les derniers temps, avant de connaître l’abstinence continue, grâce aux Alcooliques anonymes.

Il m’a été difficile d’accepter que j’étais alcoolique : j’avais un problème avec ma consommation d’alcool, que je ne pouvais plus contrôler par moments, mais je m’arrêtais de boire quand je voulais.

Mais pendant mes périodes d’alcoolisation, de plus en plus fréquentes et de plus en plus incontrôlables, je rencontrais d’énormes problèmes familiaux, professionnels et relationnels.

J’ai cherché la solution qui me permettrait de vivre comme tout le monde.

J’ai pour cela effectué quatre cures. La première a été un échec total, prévisible, puisque ce n’était pas ma décision, mais celle de mon médecin généraliste. Pour les deux suivantes, j’étais très motivée. Je voulais réellement et sincèrement que mon problème soit résolu. Je suis sortie sûre de moi, j’avais compris tout ce qui m’avait été expliqué… mais je me retrouvais seule, entourée des miens, qui certes m’aimaient, mais ne m’étaient d’aucune aide pour continuer cette abstinence fragile, conservée à force de volonté, pleine de frustrations. La rechute a été inévitable, terrible, très culpabilisante.

La dernière cure a été très différente. C’est moi qui ai choisi l’endroit. Je me suis retrouvée par hasard devant la télé, un soir où un reportage sur ce centre de cure a été diffusé. J’allais très mal, j’allais tout perdre. J’étais prête à tout tenter pour arrêter l’alcool. J’ai décidé d’intégrer ce centre.

Le séjour était long, de huit semaines, sans aucune complaisance de la part des thérapeutes, eux-mêmes dépendants. Je ne pouvais donc que leur faire confiance : ils savaient de quoi ils parlaient.

Dans ce centre, j’ai complètement capitulé face à l’alcool. J’y ai commencé un travail personnel, que je ne savais pas encore être celui proposé par les Alcooliques anonymes. A ma sortie, j’ai été mise en garde très fermement par l’équipe de thérapeutes : si je ne fréquentais pas assidûment les réunions Alcooliques anonymes, la rechute serait inévitable, inéluctable. J’avais déjà expérimenté cette solitude dans l’abstinence. Je les ai donc crus.

J’ai mis en place la fréquentation régulière des réunions AA, malgré les distances géographiques qui auraient pu m’en isoler. Et je ne peux que m’en féliciter, encore aujourd’hui.

 

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