Pour lui, tout a commencé à 17 ans. À la salle des fêtes de Quimper. Une première bière, pour se défaire de sa timidité presque maladive. D’un mal-être déjà perceptible. « Avec cette première bière, j’étais enfin à l’aise, je pouvais chanter, danser ». Alors, en ces temps adolescents, ce fut les années « de pistes. Tous les week-ends. J’en ai usé et abusé ». Puis les années de déchéance. « Des états lamentables », concède le sexagénaire, pour qui, bien avant la trentaine, l’alcool festif ne suffisait plus. « Je suis allé à Rennes, où j’étais complètement libre. Les plus dures années de ma vie ». Son chez-soi ? Un taudis au fond d’un jardin. Son quotidien ? De l’alcool et encore de l’alcool. Jusqu’à n’en plus pouvoir. « J’ai pensé à maintes reprises de me suicider. Mais je n’en ai pas eu le courage ». Ivre et de retour à Quimper, Jean-Pierre tombera même dans l’Odet. « À marée basse, heureusement ». Au travail, celui qui est désormais abstinent depuis 29 ans peine à cacher son problème d’addiction. « Je ne pouvais même plus boire le petit café du matin aux côtés des collègues : je tremblais de trop. Et un jour, en arrivant au boulot, j’ai vomi par terre ».

« Ce fut radical »

Alors Jean-Pierre, qui ne voulait plus de cette vie, est allé voir un médecin. « Il m’a conseillé d’aller voir les anciens buveurs : les Alcooliques anonymes ». Pourtant, ces abstinents « me sortaient par les yeux : je pensais qu’ils étaient tristes et qu’ils avaient une vie fade ». Mais il y est allé quand même. « Bourré », précise-t-il. C’était en novembre 1987. Il y a tout juste 29 ans. « Et au bout de la deuxième réunion, j’ai tout arrêté », s’étonne-t-il encore. « Ce fut radical ». Aujourd’hui, Jean-Pierre assiste toujours aux réunions. Il est là pour écouter les autres. Les conseiller. Les encourager dans leur quête du rétablissement. En rappelant que tout est possible. Toujours.

Témoignage publié dans LE TELEGRAMME du 15 décembre 2016

Retour aux autres témoignages