Les Alcooliques anonymes de Bourgogne au temps du confinement
Les groupes AA de Bourgogne se sont adaptés aux difficultés de se réunir, liées aux mesures et obligations sanitaires, en ajustant ici les horaires de réunions ou bien là, en créant un nouvel espace de partage : une visio-réunion régionale (un groupe en ligne, accessible localement sur demande).
Nous étions au printemps 2020 et le confinement venait de commencer : Jeanne* nouvelle membre du groupe de Montceau les Mines (71) témoigne de cette expérience inédite :
Comment es-tu arrivée sur le groupe en ligne ?
« Je participais à la réunion physique du groupe AA à l’hôpital de Mâcon depuis janvier 2020, suite à une cure, en décembre 2019.
Mon abstinence ne datait que de fin octobre 2019 ; elle était donc récente et très fragile.
J’avais besoin du témoignage, du soutien et de l’écoute des autres pour me donner de la motivation et répondre à mes doutes. Je devais aussi me redécouvrir et changer mon mode de vie : le groupe des AA était primordial pour moi.
Puis le confinement lié à la Covid a été mis en place en mars 2020 alors que mon moral était très défaillant. Les membres du groupe physique m’ont informée qu’il y avait des réunions Zoom AA Bourgogne à raison d’une rencontre par semaine puis deux pour le second confinement ».
Qu’est-ce que ça t’a apporté à l’époque ? Ce que ça t’apporte aujourd’hui ?
« Cela m’a permis de garder ce lien régulier, essentiel avec les AA de mon groupe, mais aussi de faire connaissance avec les membres des autres réunions de Bourgogne.
La multitude des témoignages m’a beaucoup apporté et j’ai échangé des numéros de téléphone avec certains de mes nouveaux amis.
J’ai eu le plaisir d’en voir certains “en vrai” lors d’une réunion d’anniversaires à Chalon sur Saône. Les retrouvailles en présentiel étaient très émouvantes pour moi et ont renforcé notre lien.
Aujourd’hui, le maintien de la réunion Zoom Bourgogne me permet d’avoir cette régularité dans mes échanges avec les autres AA, sans avoir à me déplacer.
C’est très pratique d’utilisation une fois qu’on s’y est mis, et chacun s’entre-aide en cas de difficulté d’utilisation ».
Pendant ce temps-là, dans l’Yonne : Extrait d’un article du journal l’Yonne Républicaine en mars 2020.**
Maxime* du groupe de Auxerre doit aussi faire face à la suspension des réunions hebdomadaires AA : « […] Ça me manque. C’est une bouffée d’oxygène, ça nous permet de ne pas oublier que nous sommes des malades alcooliques. Les réunions, c’est aussi un plaisir : on voit les amis. C’est presque une deuxième famille pour nous. On aime se rencontrer et échanger…
Pour moi, l’absence de réunions ne me pose pas de problème aujourd’hui, même si ça m’enlève le plaisir de se retrouver tous ensemble. Et si j’ai 27 ans d’abstinence, j’estime être toujours dans la fragilité. Il n’y a qu’un verre qui me sépare de la catastrophe ».
*prénoms d’emprunt
Photo : Roche de Solutré ©Yves L.